- Prélude à la construction
Cet article détaille les premières opérations menées depuis que je suis arrivé sur Lille et que j'ai pu me pencher sur ce bateau.
Les premières photos ont été faites avec un appareil analogique, mais par la suite les photos se sont multipliées avec l'emploi d'un appareil numérique
Au début de ses prises de vues, la quille, l'étrave et l'étambot sont déjà assemblées. J'ai aussi réalisé l'assemblage de la voûte d'arcasse. Mais ces premiers travaux se font au coup par coup, pendant mes vacances d'étudiant ou occasionnellement pendant ma période de recherche d'emploi, car j'ai alors un cruel ennemi : le temps à consacrer à cette activité!
Les pièces des couples ont été en grande partie, découpées (un jardin quand il fait beau, c'est sympa comme atelier) et collées.
Une fois ces quelques étapes faites, me voici chez moi, à Lille, pour entamer les choses sérieuses et de manière plus continue!
- Préparation des pièces longitudinales
Pour étrenner mon tour à bois tout neuf, je vais commencer par la création de la rainure le long de l'axe longitudinal
Cette rainure va servir, principalement, pour recevoir les bordés des fonds.
Cette étape à réaliser de manière assez précise sur toute la longueur de la quille était une tâche toute indiquée pour la ponceuse circulaire de l'Unimat.
Au passage je signale que j'avais déjà réalisé la partie de cette rainure sur l'étrave à la main et qu'il faut aussi la prolonger sur l'étambot.
Tout en nécessitant pas mal de soins, cette étape n'est pas très compliquée : les pièces peuvent être travaillées bien à plat sans aucun problème.
- Tracé et découpe des couples
J'ai pas mal tâtonné pour trouver une méthode satisfaisante pour découper de manière correcte mes pièces en bois tors.
Je passais initialement par un calque que je reportais directement sur le bois.
Solution cependant peu pratique : certaines pièces doivent être reproduites plusieurs fois et pour bien marquer le bois, il faut passer du stylo à bille sur le calque.
Autant dire que le trait devient rapidement peu précis!
Voici la méthode retenue pour tracer les couples finalement :
- Il faut décalquer à l'échelle 1 les pièces du couple,
- les reporter sur du papier,
- découper ces formes dans le papier pour les coller, en respectant le fil du bois, sur les planches de poirier.
Il ne reste plus qu'à découper les pièces!
Un conseil au passage, penser à VRAIMENT laisser de la marge sur ces pièces.
Que de pièces sont parties au rebut parce que je voulais faire des économies de bois! Et encore, beaucoup ont été conservées bien qu'elles se fussent révélées trop fines après ponçage!
Bon c'est bien beau, mais il faut encore les assembler. Pour ce faire, on se place sur le plan du couple en question.
Tous les couples sont à double épaisseur, exception faites des varangues (au niveau de la quille).
En se calant donc sur le plan, on colle les genoux aux varangues, puis on retourne l'assemblage ainsi fait pour ajuster et coller les premières allonges.
Et ainsi de site en retournant le couple après chaque étape.
Et là une erreur de débutant, que je ne commettrai plus : poncer l'intérieur des couples de manière fine, pourquoi pas?! C'est plus facile tant qu'ils ne sont pas montés.
Mais l'extérieur! Erreur! Voilà comment on se retrouve au final avec des pièces trop fines une fois montées sur la quille.
Difficile alors d'obtenir une courbure douce entre chaque couple! D'où l'importance de laisser de la marge et de ne faire qu'un ponçage pour dégrossir les pièces une fois assemblées!
Enfin c'est en forgeant qu'on devient forgeron.
Voici en tous cas une étape intermédiaire de ce ponçage.
Pour information, en terme de temps, un couple demande au bas-mot une heure pour le tracé, la découpe et l'assemblage des pièces, puis il faut compter entre 1h et 2h pour le ponçage intérieur et extérieur de chaque couple.
Il y en a 29 en tout. J'ai donc mis plusieurs mois pour venir à bout de ce travail vite lassant! D'autant plus lorsqu'on termine un couple pour se rendre compte qu'il est trop fin et qu'il faut donc en refaire un en entier!
Voici une vue de tous les couples montés et du chantier préparé pour recevoir la coque.
La construction du chantier n'est pas non plus aussi rapide qu'on pourrait le penser.
Il faut préparer chaque pièce avec soin, parce que si on peut se permettre un peu de liberté dans les formes générales des pièces, tout ce qui touche aux pièces définitives doit être au contraire très soigné!
Après cette étape, j'ai pu mettre en place la voûte d'arcasse qui était prête depuis déjà longtemps.
- La fermeture de la coque
Ce petit travail achevé, près d'un an s'est écoulé depuis mes premières découpes...
Il faut préparer toutes les pièces qui vont servir à fermer la coque entre le premier couple et l'étrave.
Le travail, cette fois-ci, est plus compliqué :
Une douzaine de pièces doivent être biseautées pour parvenir à un assemblage en forme de coquille: ce sont les allonges d'écubiers.
La méthode retenue est la suivante :
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- je taille le profil de cette pièce (non encore biseautée, donc son enveloppe "large" une fois projetée) dans une planche de poirier.
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Au passage il faut noter que je n'ai pas de planches suffisamment épaisses pour ces pièces, et comme je n'ai pas une réserve inépuisable de bloc de poirier, j'ai superposé deux planchettes pour réaliser ces pièces.
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- Il faut ensuite les biseauter en respectant un angle très précis. J'ai passé beaucoup de temps avant de trouver cette solution:
- Je colle la pièce sur un petit support par un léger point de colle blanche.
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- j'insère ensuite ce petit assemblage dans la machine qu'on distingue ci-dessous (désolé pour la qualité)
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Cet assemblage de bric et de broc (pièces de l'unimat 1 et mécanos) permet de manière assez simple de proposer un plateau de support à la ponceuse à bande.
On ponce un peu les mécanos, mais une rapide application du théorème de Pythagore et je biseaute simplement toutes les pièces que je veux à l'angle voulu!
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- Il ne reste plus qu'à rompre le petit collage précédent à l'eau chaude
- Cette opération doit être menée de la même façon, mais avec une symétrie parfaite sur les pièces babord et tribord.
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Moi qui pensais au début, naïvement que peu importait cette symétrie... J'avais négligé que n'importait pas seulement l'angle entre les faces avant et arrière de chaque allonge.
Il faut aussi tenir compte de l'angle entre ces faces et la face extérieure. Au début j'ai eu l'impression que ça ne changeait rien mais le schéma suivant devrait suffire à vous convaincre du contraire!
Ceci montre, q'on se retrouve rapidement à poncer plus dans un cas que dans l'autre et donc, à avoir moins de matière dans un cas que dans l'autre... Voilà comment on se trouve à devoir refaire des pièces réussies!
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- il faut ensuite assembler les différentes pièces de fermeture, mais pour cela j'ai agi en plusieurs étapes.
- Premièrement un collage très léger, juste pour être sûr de bien arriver à 90° à la fin de ce travail. De ce point de vue j'ai été comblé. Je n'ai pas eu d'erreur mesurable avec ma machine!
- Ensuite il faut préparer les petits blocs qui vont servir à supporter les allonges sur leur partie inférieure. C'est une étape importante car tout l'assemblage va reposer dessus.
- On ajuste ces blocs et les allonges
- On décolle alors le tout pour réaliser un collage beaucoup plus précis
- Il reste à poncer et à assembler à la quille
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Il est important de noter aussi que ce ponçage mérite lui aussi pas mal de soin.
Pensant le plus dur accompli j'ai réalisé celui-ci de manière un peu hâtive... Résultat, mes pièces de fermetures présentent de légers méplats à certains endroits au lieu d'une courbure parfaitement homogène.
Ce point pourrait être un point de détail mais il me gênera passablement lors de la pose du bordé et des préceintes : ces pièces devant être ployées pour épouser la forme de la charpente, le moindre défaut de courbure est un obstacle de plus!
- Mise en place des couples
Avant de clore pour de bon l'avant de la coque, il était important d'au moins préparer l'assemblage du premier couple et de la quille.
C'est cet assemblage en effet qui permet de bien confectionner en position les allonges. J'en ai profité, à ce stade pour assembler aussi les autres couples.
La coque devenait pour la première fois un volume!
Pour le moment, les couples n'étaient que posés sur la quille sans collage.
L'étape suivante à consister à coller à chacun, sur une de leur face un tasseau de bois permettant à la fois d'imposer une épaisseur de maille homogène et un écartement entre leurs branches également satisfaisant.
Encore une erreur à cette étape.
Pensant éviter des ennuis ultérieurs, j'ai décidé de tailler tout de suite les couples à la bonne hauteur, tant que je pouvais encore les scier à la scie à chantourner séparément.
Le problème est apparu immédiatement après :
J'ai collé les couples à la quille ainsi qu'un tasseau sur toute la longueur dans le haut des couples pour rigidifier encore l'ensemble.
Mais suite à ma découpe prématurée, ces tasseaux ont dû être collés sur une zone des couples que je ne pouvais plus travailler.
Ces tasseaux n'ont ensuite cessé de me gêner à cette hauteur, que ce soit lors du ponçage des couples, ou lors de la pose des préceintes,
Enfin le résultat est tout de même sympa!
La coque sort pour la première fois assemblée du chantier de montage!
- Fermeture de la coque par le tableau arrière
Pour pouvoir poser les tasseaux comme je le souhaitais, il fallait cependant ne pas négliger de poser le tableau arrière.
Je ne suis pas sûr d'avoir de photos de cette étape (peut-être les dernières de mon argentique, non encore développées).
Ce tableau ne comporte au total que 11 pièces au total... Mais 3 sont assez compliquées car à double courbure.
J'ai d'ailleurs enfin trouvé une façon satisfaisante de créer ces pièces en 3D. Un court schéma valant mieux que de longs discours, voilà la méthode:
Tracé des découpes sur une pièce plus épaisse et en ne faisant pas déboucher tout de suite la forme
découpe de la première partie
deuxième découpe
On peut alors libérer la pièce!
Pour le reste je me suis servi de quelques supports de plus sur le bâti pour positionner avec un angle correct mont tableau et pour le coller de manière satisfaisante.
Dans le prochain article je détaillerai la pose des préceintes
Maquette de la Belle : la rencontre avec Cavelier de la Salle - le blog ch-ti-cubitus
Cet article a pour but de retracer un peu les étapes qui m'ont amenées à la conception de ce modèle. La Belle de Cavelier de La Salle. Une présentation de l'explorateur et de la Belle s'impose...
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Maquette de la Belle : pose des préceintes - le blog ch-ti-cubitus
Une nouvelle étape est franchie avec la pose des préceintes. Ces bordages très épais qui ceinturent la coque vont lui donner sa rigidité pour permettre à terme de supprimer les tasseaux de bo...
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