- Un peu de théorie
D'abord, qu'est ce donc que les baux? Il s'agit en fait d'éléments de structure de la coque qui se trouvent juste sous les ponts. Ils ont plusieurs fonctions. En terme de structure, ils permettent de rigidifier tranche par tranche les couples en imposant un écartement entre eux. De manière pratique ils servent à supporter les lattes du pont.
Il est un peu tôt, vis-à-vis de l'état d'avancement de la maquette pour les mettre en place définitivement, mais leur préparation à ce stade facilite l'aménagement de certains éléments du fond de cale.
Il va falloir effectivement commencer à mettre les cloisons qui vont séparer le fond de la coque, et les montants de ces cloisons vont s'implanter sur les baux.
Nous allons également préparer l'emplanture des mâts de misaine (mât vertical de l'avant du bateau) et du grand-mât, c'est le moment de préparer ces premiers éléments de mâture et de vérifier qu'ils passeront bien entre deux baux et préparer l'orifice qui permettra leur passage.
Enfin, ces baux viennent s'endenter dans les bauquières, ce travail est délicat car il est difficile d'y accéder avec les outils qui conviennent, mais ce sera pire à un état d'avancement plus important, où l'espace sera plus encombré, les éléments situés en-dessous, plus fragiles...
Voilà pour les principes théoriques.
- La réalisation technique
D'abord il faut savoir lire un plan... Et là, première boulette!! J'ai posé une douzaine de baux avant de me rendre compte qu'il ne fallait pas que ceux-ci affleurent les bauquières. En effet les baux devront encore recevoir des entailles pour accueillir les bordages qui longent la paroi et sont plus épais.
En affleurant la bauquière, l'entaille ne servirait à rien...
Il a donc fallu reprendre tous ces baux et leurs encoches pour corriger cette erreur.
Ça demeure une erreur facilement corrigée et on a alors un résultat plus acceptable.
Passons à la méthodologie de conception.
Je me suis basé sur un patron calqué sur les plans, reproduit sur papier. Ce papier est collé alors sur l'ébauche du premier bau et celui-ci est alors râpé, puis limé, puis poncé pour avoir le bon profil.
Une fois ce premier bau réalisé, je m'en suis servi comme gabarit pour les autres baux.
Je dessine ainsi le profil que je ponce à la bonne forme:
Une fois l'aspect général du bau obtenu, je contrôle encore la continuité de la courbure.
Pour cela j'ai trouvé la solution suivante s'appuyant sur une baguette assez souple pour vérifier sur la face intérieure ou supérieure si la courbure est satisfaisante (pas de décrochés, de méplats....)
Une fois ce dessin fait, il faut encore créer les entailles en queue d'aronde sur le bau et sur la bauquière.
J'illustre par la suite la méthode que j'ai adoptée pour créer les baux encadrant les écoutilles.
Dans un premier temps je ralise les deux baux extrèmes.
Ceci me permet de préparer le barreau séparant ces deux baux et de l'ajuster au mieux.
J'en profite alors pour dessiner l'encoche qu'il faudra creuser dans ces baux et pour réaliser celles-ci
Je réalise alors un assemblage provisoire qui va me permettre de valider le montage et de préparer par la suite les demi-baux s'appuyant par assemblage à queue d'aronde sur l'entretoise.
La préparation de ces demi-baux est assez simple, il suffit de préparer les demi-baux comme les baux normaux, de les ajuster en longueur, de tailler les encoches en queue d'aronde sur le demi-bau et il ne reste plus qu'à créer les encoches correspondantes sur la bauquière et l'entretoise.
Voici une vue du travail à l'issue de la pose de cette troisième et dernière écoutilles.
La conception des baux a été finalement assez longue car elle a mis en avant plusieurs problèmes que j'ai voulu régler avant d'aller plus loin.
Le premier concerne les bauquières. Comme on le voit, je n'arrivais pas à savoir exactement en lisant le plan si celle-ci allait de bout en bout de l'intérieur de la coque. Il faut dire que les coupes sur les ne montre pas toujours exactement l'endroit que l'on souhaite voir, les photos des modèles déjà existant n'étaient pas non plus d'une aide suffisante. J'ai donc consulté d'autres ouvrages de référence comme le vaisseau de 74 canons et plus je me documentais plus j'arrivais à la conclusion que ma première interprêtation n'avait pas été la bonne. J'avais arrêté les bauquières à l'avant au niveau du couple de coltis, avant les allonges d'écubiers (ces éléments qui forment une coquille et ferment l'avant de la coque). A l'arrière j'avais arrêté la bauquière supérieure au niveau de la cloison de la chambre du capitaine.
D'après mes lectures, il apparaissait que les bauquières ceinturaient cependant la coque de l'étrave au tableau.
Il a donc fallu reprendre cela. J'ai créé des entailles en traits de jupiter pour venir abouter des éléments supplémentaires. J'ai souhaité éviter de simplement rajouter un bout baguette là où il manquait, ça n'avait pas de sens et j'ai donc opté pour le même principe que les préceintes. Difficile d'imaginer des éléments continus d'une telle longueur alors qu'il était crédible d'avoir des éléments pour les bauquières en plusieurs parties et j'ai donc repris le même type d'assemblage que les préceintes avec des assemblages en traits de jupiter décalés pour la serre-bauquière et sa bauquière.
Une fois ceci corrigé un autre problème m'a sauté aux yeux. Une fois que je l'avais vu je ne pouvais voir que lui. Mon plancher était penché vers tribord! Horreur! Les baux ne semblaient pas horizontaux au niveau du milieu du bateau mais légèrement penchés. En fait j'ai constaté qu'il s'agissait d'une différence directement au niveau des bauquières une fois de plus. La bauquière babord était légèrement plus haute qu'à tribord. Une différence de 5 mm au maximum mais c'est énorme à cette échelle et je sentais que ça allait gâcher toute l'harmonie du bateau.
Impossible à ce stade de décoller les bauquières pour les remettre d'aplomb. Heureusement mon erreur était dû en partie à une erreur de largeur des bauquières plus importantes à babord en plus d'une légère erreur de tracé.
La solution s'imposait d'elle-même il fallait raboter à tribord pour rétablir cette écart.
J'ai aussi un peu jouer sur l'épaisseur des clés d'arronde des baux pour que la différence se voit moins.
Ce que je regrette rétrospectivement c'est de ne pas avoir mis en place dès le départ ce petit instrument qui me permet de vérifier le niveau d'un côté de et de l'autre.
Il s'agit d'un trusquin un peu modifié pour mes besoins. C'est un instrument assez simple mais qui au final est très utile pour reporter sans se tromper des hauteurs d'un bord sur l'autre.
Rien de bien compliqué comme on le voit mais comme ça je peux mesurer la hauteur de ma bauquière à tribord, puis la reporter à babord:
Plus qu'à constater les dégâts et à corriger:
J'en ai profité aussi pour faire les baux du gaillard d'arrière puisque les bauquières de ce pont étaient posées et les trois de la chambre dont le plancher est situé plus bas que le pont.
Pour ces pièces il a fallu d'ailleurs ajouter des petits support pour les baux puisque ceux-ci ne devaient plus s'appuyer, de fait, sur les bauquières.
On pourrait penser que c'est fini pour les baux. Mais non, toujours pas!
Il nous reste encore à placer les barrots entre chaque bau (à noter que certains baux moins épais reposent sur ces barrots).
Les barrots sont enfoncés dans un trou rectangulaire du bau arrière et s'appuient sur une entaille du bau avant.
Rien de bien compliqué à réaliser si ce n'est le trou rectangulaire. Pour cela j'ai décidé de faire un pré-trou à la perceuse puis j'ai limé l'extrémité d'une lime cassée pour en faire un poinçon, et d'un coup de marteau, le tour est joué.
Il a fallu ensuite m'occuper des baux qui s'appuient sur ces barrots pour que l'ajustement soit correct:
Et voilà!!! Les baux de ponts sont presque achevés! "Presque", ah ben oui, ce serait pas drôle s'il n'y avait pas d'autre points. Il manque les supports pour les étambrais de mâts (ces renforts au niveau du pont pour maintenir le mât en place) les entailles pour les gouttières, ces longues planche biseautées qui courrent tout le long de la muraille, les courbes des baux qui renforcent ceux-ci en se collant à eux...
Mais tout ça arrivera plus tard, d'autres étapes doivent être réalisées d'abord et puis c'est agréable de pouvoir aborder d'autres éléments, la structure principale étant faite, nous avons une plus grande marge de manoeuvre.
En tous cas voilà le résultat à ce stade:
Maquette de la Belle : Pose du vaigrage et du bordage - le blog ch-ti-cubitus
Les préceintes forment la structure longitudinale extérieure de la coque telle une ceinture. Les bauquières ont exactement le même rôle à l'intérieur de la coque. Une fois celles-ci posées,...
http://ch-ti-cubitus.over-blog.com/article-pose-vaigrage-et-bordage.html
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Maquette de la Belle : Confection des mâts - le blog ch-ti-cubitus
La confection des bas-mâts doit être réalisée avant de pouvoir poursuivre la réalisation du fond de cale. Les mâts sont assez simples à faire et, pour une fois, je n'ai pas eu de problèmes ...
http://ch-ti-cubitus.over-blog.com/article-confection-mats.html
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